Une escapade nippone en plein cœur de Lyon
Le Japon est une terre de contrastes, de raffinement et de rigueur culinaire. Mais faut-il vraiment traverser 9 000 kilomètres pour en savourer l’essence ? La réponse est non. Du moins, pas quand on déambule dans les ruelles du Vieux Lyon ou les artères vivantes de la Presqu’île, car des havres japonais y ont élu domicile. Aujourd’hui, je vous emmène dans les coulisses d’un bar à sushi lyonnais où les saveurs japonaises et la fraîcheur des poissons se marient avec poésie dans chaque bouchée. Suivez-moi pour un voyage aussi frais que fondant.
L’art du sushi : bien plus qu’un rouleau de riz
Impossible de parler de cuisine japonaise sans évoquer le sushi — ce petit chef-d’œuvre qui semble si simple, mais dont l’élaboration frôle le rituel sacré. Si vous pensez encore que tous les sushis se ressemblent, Lyon saura vous faire changer d’avis. Entre les nigiris délicieusement posés, les makis subtilement enroulés et les sashimis tranchés avec une précision chirurgicale, chaque pièce raconte une histoire : celle du poisson, de la mer et du savoir-faire ancestral du chef.
Et justement, dans ce bar à sushi niché entre deux façades haussmanniennes, le chef Takashi (oui, à Lyon, les talents japonais sont bien présents !) taille ses poissons avec une rigueur tout droit venue de Tokyo. Le thon rouge fond comme de la soie, la daurade flirte avec une pointe de yuzu, et le saumon atteint une tendresse qu’on ne soupçonnait pas jusque-là. Inutile de dire que l’on comprend ici que le sushi, c’est de l’orfèvrerie comestible.
L’exigence de la fraîcheur : un engagement quotidien
“Pas de bon sushi sans poisson d’exception.” Cette phrase, Takashi me l’a confiée en déposant devant moi une assiette de sashimis nappés d’un trait de sauce soja artisanale. Et pour cause : tous les matins, lui et son équipe se rendent aux Halles Paul Bocuse — haut lieu de la gastronomie lyonnaise — pour sélectionner leurs produits. Le critère numéro un ? La fraîcheur, évidemment.
Le bar à sushi travaille en direct avec quelques poissonneries françaises engagées, et importe d’autres variétés tout droit du marché de Toyosu, à Tokyo. C’est dans cette alliance franco-nippone que réside l’équilibre parfait entre respect du produit local et authenticité des saveurs japonaises. Vous pensiez que la profondeur d’un sushi venait uniquement du riz vinaigré ? Détrompez-vous : c’est dans la fraîcheur que tout commence.
Une carte authentique et audacieuse
Si la carte rend hommage aux incontournables — sushi saumon, california rolls avocat-crevette, miso soupe — elle surprend également avec des créations éphémères, parfois audacieuses, souvent très réussies. J’y ai goûté un maki anguille-grenade qui m’a littéralement fait fermer les yeux. Oui, je suis ce genre de personne qui vit émotionnellement ses bouchées. Le mariage du sucré, fumé et iodé réveillait tous les sens, un peu comme une haïku qui surprend par sa simplicité maîtrisée.
Voici quelques trésors à découvrir sur place :
- Omakase : Le menu dégustation laissant carte blanche au chef. Chaque bouchée est une surprise, et croyez-moi, vous n’oublierez pas la dernière.
- Chirashi au thon gras : D’un rouge profond, servi sur un lit de riz tiède, un nuage de wasabi fait maison et quelques œufs de saumon comme des perles.
- Kinoko miso ramen : Pour ceux qui trahissent (légèrement) le sushi, ce bol fumant aux champignons shitakés et bouillon maison vous enveloppe de sa chaleur umami.
Une ambiance feutrée, entre bambou et céramique
Le cadre joue autant que l’assiette dans l’expérience gastronomique. C’est donc avec bonheur que je vous parle de l’atmosphère du lieu. Dès l’entrée, on est saisi par la sobriété élégante des lieux : bois clair, nappes en lin brut, vaisselle importée du Japon et quelques touches végétales ici et là. Le comptoir en bois brut devient théâtre de gestes précis et silencieux, et les places face au chef sont parmi les plus convoitées.
Le tout baigné de musique douce, entre jazz nippon et sons traditionnels. Cela donne une adresse intimiste, propice aux conversations calmes et aux dégustations attentives. Pas de bling-bling ici — juste une ode à l’esthétique du moment présent.
Quand Lyon célèbre la cuisine du monde
Ville de grands chefs et de bouchons emblématiques, Lyon n’en reste pas moins une cité curieuse et ouverte à la cuisine du monde, et cela se ressent jusque dans les assiettes étoilées. L’existence de ce bar à sushi est une preuve — s’il en fallait une — que la tradition lyonnaise sait s’enrichir sans jamais se nier.
C’est aussi une belle image de ce que peut être la gastronomie pluraliste : non pas une juxtaposition, mais une fusion respectueuse. Ici, les amateurs de quenelles et de tablier de sapeur rencontrent ceux de sashimis de bar et de riz gluant. Et tout le monde y trouve son compte.
Quelques conseils pour une expérience optimale
Si vous décidez de vous offrir cette parenthèse tokyoïte à Lyon, voici quelques astuces pour que la magie opère pleinement :
- Réservez à l’avance : Le comptoir n’accueille qu’une dizaine de places, autant dire que l’intimité a un prix — celui de l’anticipation.
- Laissez le chef vous guider : Ne soyez pas rigide sur le choix de vos plats. Laissez-vous porter par l’inspiration du jour, c’est là que résident les plus belles surprises.
- Osez poser des questions : Le service est chaleureux et pédagogue. Le personnel sera ravi de vous raconter les secrets de fabrication ou l’origine d’un ingrédient rare.
- Goûtez au saké : En version chaude ou froide, le saké proposé ici fera chanter vos papilles, surtout lorsqu’il accompagne des pièces de poissons gras comme le toro (thon ventru).
L’adresse en quelques mots
Ce bar à sushi est une invitation au voyage, une boîte à bijoux comestibles qu’on savoure dans le silence gourmand des bons moments. C’est aussi une belle leçon de rigueur culinaire, de respect du produit et de savoir-faire transmis. Bref, une adresse secrète — mais pas pour longtemps !
Et vous, avez-vous déjà eu ce frisson rare qu’on ressent devant une pièce de nigiri parfaitement exécutée ? Ce moment suspendu où le riz, le poisson et le condiment dansent une chorégraphie invisible autour de vos papilles ? Si ce n’est pas encore le cas, peut-être est-il temps de vous laisser emporter par ces saveurs japonaises, ici même, à Lyon.
À vos baguettes, amis épicuriens. Qui a dit que les voyages gustatifs devaient passer par la case passeport ?

